“Une intense métamorphose” par Matthieu Karam à Beyrouth
“Une intense métamorphose” par Matthieu Karam à Beyrouth
“Une intense métamorphose” par Matthieu Karam à Beyrouth
“Une intense métamorphose” par Matthieu Karam à Beyrouth
“Une intense métamorphose” par Matthieu Karam à Beyrouth
“Une intense métamorphose” par Matthieu Karam à Beyrouth
“Une intense métamorphose” par Matthieu Karam à Beyrouth
“Une intense métamorphose” par Matthieu Karam à Beyrouth
“Une intense métamorphose” par Matthieu Karam à Beyrouth
“Une intense métamorphose” par Matthieu Karam à Beyrouth
“Une intense métamorphose” par Matthieu Karam à Beyrouth
“Une intense métamorphose” par Matthieu Karam à Beyrouth
“Une intense métamorphose” par Matthieu Karam à Beyrouth
“Une intense métamorphose” par Matthieu Karam à Beyrouth
“Une intense métamorphose” par Matthieu Karam à Beyrouth
“Une intense métamorphose” par Matthieu Karam à Beyrouth

L’Eclectique fait un focus sur Matthieu Karam, journaliste et photographe au Liban. Avec ses mots et son art de la photographie de rue, il parvient à nous faire part de l’ambiance de la rue Ghabi à Beyrouth près de laquelle il a grandi. Entre transformations et attachements, Matthieu nous fait subtilement traverser des nuances d’intenses perceptions, émotions et d’une intense métamorphose.

Ghabi

J’ai grandi près de cette rue, mais je ne l’avais jamais explorée, avant de découvrir la photo.

Beyrouth, le 17 novembre 2021

Matthieu Karam © Agnès Robini

Je fais de la photo de rue depuis environ six ans. J’ai arrêté de compter le nombre de fois où je me suis perdu dans les dédales de Beyrouth. Mais c’est dans la rue Ghabi, dans le quartier de Geitaoui à Achrafieh, que je reviens sans cesse ces dernières années. J’ai grandi près de cette rue, mais je ne l’avais jamais explorée, avant de découvrir la photo. Et puis, un jour, je me retrouve sur cette colline qui surplombe le fleuve de Beyrouth. Avec ses toits délabrés, désaffectés, un refuge pour les sans abris et les graffeurs qui laissent des traces de leur passage.
Et puis une vue sur la capitale et sa banlieue. Un coin calme, à l’écart du bruit d’Achrafieh. Un quartier encore authentique, avec ses petites bâtisses, ses terrasses, et ses innombrables sanctuaires qui ornent chaque coin.

 

Jusqu’au jour où mon oeil et mon objectif ne la reconnaîtront plus.

Les dimanches vers midi, on peut même entendre le bruit des assiettes des habitants attablés dans leur intimité, sans même les voir. Un îlot où la vie coule doucement, au bas des tours qui dénaturent le quartier.
Ces tours, je les ai vues pousser les unes après les autres. D’abord en contre-bas de la rue Ghabi. Puis un jour, dans la rue même. La vue que j’espérai intouchable a finalement été violée. Le calme sera bientôt un souvenir. Dans quelques années, on n’entendra plus le bruit des couteaux et des fourchettes. La course folle du béton l’emportera, je le sais. Et pourtant, Ghabi résiste. Même l’explosion du 4 août 2020 au port de Beyrouth n’a pas eu raison de ce coin de Geitaoui, alors que tant de vies ont été fauchées à quelques centaines de mètres de là. 
Et pourtant, Ghabi tient encore debout. Alors je profite pour l’immortaliser sous tous ses angles.
Jusqu’au jour où mon oeil et mon objectif ne la reconnaîtront plus.

Matthieu KARAM

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