Après la réussite de la première édition de “PoPo – L’art contemporain en Tunisie – Un Possible Potentiel ou entre Potentiel et Possible” qui s’est tenu à Tunis du 30/9 au 3/10/17, L’Eclectique a rencontré l’artiste Sadika Keskes à l’initiative de l’événement pour aborder les défis des prochaines éditions mais aussi son œuvre et sa vision sur l’art. Entretien avec une artiste pluridisciplinaire et engagée qui tient à sa liberté et son indépendance.

Sadika Keskes, artiste
“l’intérêt international pour l’art contemporain de Tunisie est fondamental car il pourrait accélérer la dynamique interne.”
Qu’est-ce qui vous paraît fondamental pour donner une visibilité internationale à l’art contemporain en Tunisie et ses artistes ?
Il y a actuellement un foisonnement artistique en Tunisie mais si ce potentiel n’est pas soutenu davantage, il sera perdu. Dans ce contexte, le rôle des galeries me paraît essentiel. Il y a trois galeries en Tunisie, La Galerie Selma Feriani, La Galerie ElMarsa et la Galerie Gorgi, qui ont commencé à participé à des foires internationales comme la FIAC, Art Paris, Art Basel. Leur rôle est important car le marché de l’art est aujourd’hui inexistant en Tunisie. Il n’y a presque pas d’acheteurs et de collectionneurs. Une dynamique nationale devrait normalement porter la visibilité de l’art contemporain de Tunisie vers une dynamique internationale. Mais comme elle n’existe pas, l’intérêt international pour l’art contemporain de Tunisie est fondamental car il pourrait accélérer la dynamique interne.“Il y a une absence de conscience politique et de vision à propos de l’importance de l’art et la Culture.”Pour donner plus de visibilité à l’art et aux artistes, il faudrait à mon sens une éducation à l’art auprès des nouvelles générations comme par exemple l’enseignement de l’histoire de l’art, la proposition d’activités artistiques dans les lycées pour avoir un public sensible à la création artistique. L’Etat et le ministère de la Culture ont actuellement très peu de moyens pour pouvoir vraiment investir dans ce domaine. Nous avons également besoin d’un cadre légal pour soutenir la création, les artistes et l’entrepreneuriat artistique. Et j’ajouterai que le grand absent, c’est le mécénat des entreprises en Tunisie. Ces dernières années, les quelques initiatives portées par certaines entreprises ont été très insuffisantes. Il y a une absence de conscience politique et de vision à propos de l’importance de l’art et la Culture même s’il y a des bonnes volontés et des prémices à soutenir.
De quels soutiens « PoPo » a besoin pour pouvoir devenir un rendez-vous annuel ?


Sadika Keskes en avant dans la marche transportant les “Tombeaux de la dignité” vers la mer
“Je pense que le religieux perd de sa consistance devant le culturel”Le régime de Ben Ali a laissé un terrain propice à ce phénomène car il avait terrassé les esprits, l’intelligence, l’esprit critique. Mais j’ai confiance, les liens sociaux sont restés très forts en Tunisie malgré le contexte social difficile. Il n’y a pas eu de division face à l’obscurantisme. Le soufisme a aussi eu un rôle majeur dans la cohésion des Tunisiens. Nos saints sont des intellectuels et nous les célébrons autour d’événements culturels. C’est d’ailleurs pour cette raison que les intégristes avaient commencé à saccager les mausolées de saints dans le pays. Je pense que le religieux perd de sa consistance devant le culturel ; on revient à l’essentiel et à la spiritualité. La personne retrouve ainsi l’intégrité de sa pensée et de sa liberté car elle n’a plus besoin d’intermédiaire pour être en relation avec le Divin. La Culture, c’est un combat direct contre l’intégrisme or il y un vide culturel énorme dans le pays. Les intellectuels et les artistes ont un rôle éminent et fondamental.

“Les martyrs de l’art”, illustration de Sadika Keskes
L’art, c’est viscéral pour vous ?
Oui, et ça n’est que cela. Une vérité intérieure et une authenticité absolue. C’est ma façon de vivre. L’art a aussi une dimension spirituelle pour moi car je cherche la lumière.Est-ce que c’est important pour vous de créer un impact sur le cœur et l’âme des gens avec vos œuvres ?

Sadika dans son atelier
“L’art sert à développer un imaginaire commun.”
Quelle sont vos dernières lectures ?
Les livres de Kamel Daoud.Interview réalisée par Sarah Anouar
Découvrez le reportage de L’Eclectique sur l’évenement “PoPo” à Tunis Page Facebook de l’Espace Art SadikaFondatrice de L'Eclectique, subjuguée par l'écriture & l'anglais.
Auteure du roman "Subjuguer me fascine"
Writer & Soul artist
Author of the mini book for Soul "The Most Precious Love" & Soul prose book "French Kiss".
My intention is to help people expand their self-awareness & confidence. Overcome their emotional pain & self-doubt so they can transform & let their light shine to make a difference with their lives. I also do Astrology consultations & Tarot readings to find and communicate insights & healing to people who feel called to work with me.
"Two roads diverged in a wood and I - I took the one less travelled by and, that has made all the difference" - Robert Frost