Pegah Lari est une artiste peintre de Téhéran dont le pinceau fusionne l’attachement à des références historiques mises en perspective avec le monde contemporain et la fiction. Sur ces peintures, Pegah aborde la réalité de l’humanité avec douceur et allégories sublimées par le somptueux de la calligraphie persane. L’Eclectique vous propose de découvrir cette artiste née à Téhéran en 1983 profondément attachée à la richesse culturelle de l’Iran.
Pouvez-vous nous en dire plus sur vous et votre sensibilité artistique?
J’ai toujours vécu à Téhéran et je suis diplômée de l’université Azad et de l’université de Sooreh de Téhéran. J’aime la peinture depuis mon enfance et j’y consacre la majorité de mon temps. J’ai toujours voulu être une artiste. Les couleurs ont toujours été fascinantes pour moi. J’étais très attentive aux formes aux couleurs de tout, du ciel, les arbres et les fleurs. A l’université, j’ai étudié les couleurs des petites peintures perses sur papier (miniatures). Pour mon master je me suis intéressée à l’ère de la dynastie Kadjar et à l’art de cette période qui inspire beaucoup mon travail. A partir de 2002, j’ai participé à plusieurs expositions en Iran et à l’international.
Pourquoi mêlez-vous la calligraphie à vos peintures ?
La calligraphie a une longue histoire en Iran. Plusieurs calligraphies comme la calligraphie nasta’liq ont été créés en Iran. C’est une touche esthétique iranienne et j’utilise la calligraphie nashki dans mes peintures; elle est utilisée dans les livres et les journaux en Iran. Cette calligraphie est familière pour les gens qui connaissent le persan qui a quatre lettres de plus que la langue arabe.
On peut voir une influence classique sur vos peintures à travers les personnages et les scènes représentées, quelles sont vos références ?
Les personnages de mes peintures sont souvent des personnages de l’ère Kadjar (1786 à 1925). Ils représentent des princes et des femmes dans un harem. L’art iranien a beaucoup évolué pendant cette période. J’aime créer une atmosphère inhabituelle en utilisant des objets atypiques comme des lunettes ou des créatures bizarres comme la licorne et cela est peut-être en lien avec le monde contemporain. Dans tous les pays, les gens héritent de choses du passé que l’on retrouve dans le quotidien. Dans certaines créations, je remplace les personnages Kadjar par des marionnettes. Les poupées sont une allégorie de l’homme moderne qui est parfois le jouet de la société et du monde contemporains.
Vous êtes iranienne, est-ce que vous sentez que la culture de l’Iran doit être d’avantage découverte par le monde ?
Oui, la culture iranienne est impressionnante. Il y a de beaucoup d’artistes iraniens, d’ici ou d’ailleurs, dont le travail a suscité l’admiration de gens à l’étranger.
Quel est votre livre préféré ?
Je suis intéressée par la littérature iranienne classique comme Shahnameh du poète Ferdowsî
Quel est le pays qui vous attire le plus et pourquoi ?
J’aime tous les pays et je respecte toutes les cultures. Les couleurs, la nature, la structure des villes, de villages et leurs créations artistiques me fascinent.
Qu’est-ce que vous aimez partager avec les gens à travers votre créativité ?
L’Homme essaie de garder son identité en faisant des liens avec le passé. Il est confus entre le rêve et la réalité de la vie contemporaine. J’aime montrer ce sentiment aux gens qui regardent mes peintures en mettant en lien les différents mondes. J’aime montrer que le passé, le présent, le futur et le rêve, tous réunis, créent un monde irréel plein de joie et de couleurs. L’Homme moderne doit réfléchir et il doit finalement faire un choix entre la réalité et la fiction.
Si vous aviez un seul rêve ?
Un monde plein de couleurs pour toute l’humanité.