Tarek Benaoum est un calligraphe qui s’écrit d’une manière si profonde et dont les créations suscitent l’enchantement. Né en 1978 à Salé au Maroc, Tarek s’adonne à l’art du graffiti depuis l’âge de 14 ans. Il explore ensuite la calligraphie pour nourrir sa passion pour l’écriture et fait ses études au Scriptorium de Toulouse pendant quatre ans. L’artiste transcende les codes de la calligraphie revisités, et repousse les limites d’une vision académique de son art. Il s’exprime dans les lieux publics tels que des hôtels, restaurants, clubs de nuit mais aussi par des peintures murales citadines…tout en faisant appel aux mots de tous et de chacun sur l’ amour, la violence, l’expérience, le bonheur, la vie, le sexe ou la musique.
Le Jardin Rouge à Marrakech présente Tarek Benaoum, artiste fascinant dont les lettres portent la magie de sa créativité. L’Eclectique a voulu en savoir plus sur cette artiste anticonformiste qui questionne l’existence, la sienne , la nôtre, irrémédiablement.
“L’écriture/la calligraphie, cryptée, déchiffrable, lisible ou non permet une sorte d’arrêt sur image propice à la réflexion.”
La calligraphie est au centre de vos créations, l’écriture est-elle pour vous une thérapie ?
Effectivement la calligraphie et la recherche de différentes écritures sont au centre de mes créations. L’écriture a toujours été pour moi une évidence, un moyen de communication qui utilise le langage non verbal pour se faire entendre et comprendre. Le graffiti que je pratique depuis plus de 20 ans a été pour moi une forme de thérapie, un moyen d’exister, de laisser ma marque, de ne plus être anonyme, de laisser une trace indélébile dans ce monde, cette ville Paris. Peut-être ce lien existe-il dans ma pratique de la calligraphie aujourd’hui, mais je ne me sens pas malade. La calligraphie, l’écriture et les textes, que je choisis méticuleusement en fonction des lieux, des pays, et des projets réalisés sont pour moi un moyen de transmettre des paroles qui expriment ce que je suis. Mes créations révèlent les habitants et les gens du lieu où se trouve l’œuvre et partagent ma façon de percevoir et de me représenter les choses. L’écriture/la calligraphie, cryptée, déchiffrable, lisible ou non permet une sorte d’arrêt sur image propice à la réflexion. La calligraphie m’a permis de marcher, d’aller de l’avant. On peut dire que c’est faire un pas après l’autre s’appuyer sur un pied puis sur l’autre; le maintien d’un déséquilibre entre deux points de stabilité.
“L’art me métamorphose complètement”
Quelle est l’essence de votre anticonformisme ?
Avec internet et la vulgarisation des outils de communication et des outils de calligraphie comme le parrallel pen etc… il y a de plus en plus de gens dans tous les pays qui font ou essayent de faire de la calligraphie plus ou moins bien.
En revanche je pense qu’il ne suffit pas de faire deux ou trois traits et de rajouter des taches pour faire une œuvre, mais de nos jours c’est le cas : tout le monde peut se prétendre « calligraphe » !!!
Je pense que mon expérience de graffeur, ma formation de calligraphie latine « classique », mes origines et mon envie d’innover, d’inventer font de moi un artiste anticonformiste.
Du début à la fin, l’acte créatif est une sorte d’extériorisation, de pleine conscience de chaque geste, de chaque trait, de chaque trace. Je vis l’instant présent à deux cent pour cent.
Est-ce que l’art vous métamorphose, vous libère ?
L’art me métamorphose complètement. Pour chaque projet, chaque toile, chaque mur que je crée, j’ai l’impression d’être un autre homme, un homme nouveau à chaque fois.
Du début à la fin, l’acte créatif est une sorte d’extériorisation, de pleine conscience de chaque geste, de chaque trait, de chaque trace. Je vis l’instant présent à deux cent pour cent. C’est une pleine conscience et une mise en œuvre totale de mon esprit et de mon corps pour arriver à la création des calligraphies que je visualise dans ma tête.
Quel est votre mot préféré ?
«Dreamers » (Rêveurs). Il ne faut jamais s’arrêter de rêver et poursuivre ses rêves. The dreamers are the saviours of the world – T.S Eliot
Le Jardin Rouge de la fondation Montresso à Marrakech est un lieu magnifique dédié à la création qui reçoit des artistes de toutes nationalités, influencés par le graffiti, le street art ou encore l’art contemporain urbain, et développe avec eux des projets artistiques. Tarek Benaoum y était invité pour une résidence artistique en octobre 2015. La vidéo présente l’artiste en pleine réalisation de ses œuvres.
https://www.youtube.com/watch?v=oFjuxcTs2hY