“Subjuguer me fascine” de Sarah Anouar – Découvrez la préface de l’écrivain Mohamed Nedali et un premier extrait du roman

À  l’occasion de la publication de Subjuguer me fascine, premier roman de Sarah Anouar. L’Eclectique vous propose de découvrir l’intégralité de la préface de l’écrivain Mohamed Nedali  et un premier extrait.  Le livre est en vente sur Amazon en format papier mais aussi en format kindle – ebook. 

Préface de Mohamed Nedali

 

« Tout est instant, tout est éphémère ; rien ne vaut une vie libre, faite d’amour et de finesse. »

                       Sarah Anouar, Subjuguer me fascine

 

Premier livre de Sarah Anouar, Subjuguer me fascine est un récit à la première personne relatant une partie de la vie de Luna –  personnage principal et narratrice. Ecœurée par la realpolitik et les compromis d’une diplomatie française à la dérive, Luna quitte son poste de diplomate à l’ONU et se met en quête d’un plan de carrière plus en harmonie avec ses principes. Il s’agissait pour elle de choisir entre la soumission aux convenances ou la réalisation de ses aspirations profondes. Elle opte sans hésitation pour le deuxième choix : « n’en déplaise aux autres » dit-elle, s’affranchissant ainsi des conditionnements cultuels,  culturels et moraux. Vu de cet angle, Subjuguer me fascine est d’abord un livre sur le courage : le courage d’être soi, d’écouter son cœur, d’assumer sa différence et d’agir en conséquence – un pas que la plupart n’osent pas faire ; Luna, elle, le fera malgré la réprobation de ses proches et, parfois, leurs réactions mortifiantes, « Tu as étudié pour finalement aller servir du thé ! » lui dira sa mère, sarcastique et stupéfaite à la fois.

La suite est faite de blocages, incertitudes, solitude, larmes, écriture-exutoire…, une longue traversée du désert. Et comme pour ne rien arranger, survient la disparition d’un être cher, le plus cher, une terrible épreuve dont Luna ne se remettra jamais.

Subjuguer me fascine est aussi un roman sur la force des rencontres et de ce qu’elles peuvent nous révéler sur nous-mêmes et sur la personne aimée. Pour Luna, l’amour est une force ailée et invincible ; il triomphe des conditionnements, se libère des pesanteurs de tout ordre et prend son élan, « L’amour, dit-elle, ne s’enferme pas avec un cadenas comme sur les ponts de Paris ». Les infidélités et autres escapades amoureuses ne sont pas nuisibles pour le couple ; au contraire. Seule condition : savoir les vivres « avec finesse ». 

Subjuguer me fascine est un roman qui frappe aussi par son style sans prétention ni recherche laborieuse ni élan pompeux ; un style clair, sobre, dépouillé. Pour Sarah Anouar, la pensée, comme le sentiment, gagnent à être exprimés dans les mots les plus simples, les plus accessibles ; nulle part dans son livre on ne trouve de hardiesses de syntaxes ni de touches précieuses ni de formules emphatiques ; le style y est le calque de la vie dans ce qu’il a de plus ordinaire, « Mon mobile est resté éteint. Je n’ai pas informé Skander de mon départ. Je veux rompre avec mes habitudes. Je n’ai plus envie de parler ni d’écrire. Mes larmes glissent sur mon visage. J’ai mal. »

Quoique sobre et laconique, l’écriture de Sarah Anouar ne manque point de poésie, présente déjà dans le titre : Subjuguer me fascine – figure de répétition d’une beauté fulgurante, émise spontanément par Luna au cours d’un échange avec Samy. Des trouvailles aussi heureuses, le roman en recèle beaucoup : « L’indicible est inénarrable », « Tout est instant », « Je cherche du sens à l’insensé… » Dans d’autres trouvailles, la poésie se conjugue avec la sagesse et cela donne des traits d’esprit d’une extrême subtilité : « Maintenant ce sera le courage d’être moi ou rien », « Assume pleinement ton être et ta différence», « Suis uniquement ton intuition ! », « Rien ne sert de forcer les choses ; l’Univers a déjà ses plans. », « Nous avons tous les deux un grain de folie, le reste est une affaire d’atomes. », « L’écriture est un point de départ pour moi, ou de retour, et parfois de non retour… »

Luna, l’héroïne, ou plutôt l’anti-héroïne, est un personnage aussi vrai qu’atypique. Elle est particulièrement attachante par sa singularité, par sa façon d’être à la vie, par sa fragilité, par sa sensibilité à fleur de peau, par le regard qu’elle porte sur les êtres et les choses… Un

personnage qui nous rappelle ce que nous avons de plus humain en nous, sans filtre ni fardage : « notre incapacité absolue à expliquer l’agenda de notre existence ».  En même temps, elle nous apprend qu’il faut toujours garder l’espoir, même dans les heures les plus tristes de la vie, même dans le deuil.

Le roman de Sarah Anouar frappe aussi par le choix, oh ! combien épineux, du présent de l’indicatif dans le récit. Les écrivains savent tous les limites de ce temps dans la narration, son inflexibilité ainsi que les difficultés de concordance qu’il provoque, aussi s’arrangent-ils pour l’éviter. Sarah Anouar a, dès le départ, opté pour le présent de narration : « Il m’est impossible de raconter cette histoire au passé ; j’en vis encore les événements dans ma tête ! », me répond-elle quand je lui ai exprimé ma réticence sur le choix du présent de l’indicatif ; les raconter au passé équivaudrait pour elle à tourner une page de sa vie encore en pleine écriture. Ayant lu l’incipit, j’ai cependant compris que le choix de ce temps, comme tous les autres choix de l’auteure, témoignent d’une approche profondément réfléchie de l’écriture et d’une sensibilité littéraire très aiguë. Résultat : un récit bien ficelé,  avec une histoire poignante, une composition maîtrisée, une narration fluide, un ton juste, une langue harmonieuse et agréable… – des atouts qui font que l’œuvre de Sarah Anouar mérite d’être lue et relue, car toute relecture qu’on en fait nous procure un plaisir nouveau et nous aide, à travers la bouleversante histoire de Luna, à « trouver le bonheur de la paix en nous »

                     Mohamed Nedali

 

Premier extrait de Subjuguer me fascine de Sarah Anouar

 

New York. Siège des Nations Unies. Je travaille ici depuis quelques années au service de la délégation française. Ce faisant, je croise tous les jours des dizaines d’hommes et de femmes venus des quatre coins du globe. La plupart, loyaux porte-parole de leurs gouvernements respectifs, passent sans me laisser le moindre souvenir. Ici, la mission relègue parfois l’humain au second plan ou l’efface complètement.

Mon travail de diplomate aux Nations Unies est la conséquence naturelle de ma passion pour la politique, les médias et les relations internationales – une passion vive, impérieuse, dévorante par moments, et qui remonte à mon enfance. La politique était pour moi un idéal de paix porté par des hommes exceptionnels ayant marqué l’Histoire de leur empreinte. Arrivée au siège des Nations Unies, je suis détrompée : ici, il va des hommes politiques comme des hommes tout court, le meilleur et le pire se côtoient sans que cela surprenne outre mesure.

            Coincée dans une réunion de préparation de l’assemblée générale, je prends pour la énième fois conscience de l’irréductible lenteur de cette machine qu’est l’ONU. Les compromis successifs de la diplomatie française aux dépens des valeurs humanistes ne cessent d’ébranler ma conscience. La position de la France pendant les premières heures de la révolution tunisienne en 2010 achèvent ma motivation. L’ex-président Sarkozy a, certes, fait son mea culpa pour ne pas avoir pris la juste mesure de ce qui se passait en Tunisie, son successeur n’a néanmoins pas renoncé à la realpolitik. Ecœurée, je ne rêve que de partir.

  ***

20 juin 2012. Café Karma. Je caresse les dernières heures de mes 31 ans, plus dubitative qu’inquiète. Vivre à New York n’a jamais été mon rêve, mais une expérience de vie riche et intense. Ici, je suis Luna avant d’être Française, Marocaine ou Tunisienne. New York a ce pouvoir de faire peu de cas de votre identité : les gens s’y intéressent surtout à ce que vous faites, pas à vos origines.

Dans la foule, je vois Simo qui arrive vers le café à folle allure. Nous nous sommes rencontrés via Facebook – ce réseau social qui vous permet d’aimer une personne sans l’avoir jamais rencontrée, avant de revenir à la raison une fois dans la réalité. Nous partons déjeuner. Sur le chemin, je lui annonce que j’ai décidé de quitter New York dans les prochaines semaines. A 33 ans, Simo a le profil standard du trader fasciné par l’argent. Il travaille pour une grande banque américaine à Wall Street et il se présente avec l’arrogance d’un homme ayant atteint le sommet de la réussite. A peine installés, Simo évoque mon âge avec un air taquin. « Alors Luna, comment te sens-tu à la veille de tes 31 ans ? Il faut penser à te marier, Luna !

– J’ai demandé mon retour à Paris. Un de mes collègues du Quai d’Orsay va intervenir afin que je puisse rentrer au plus vite.

– C’est de la folie, Luna ! Tu es diplomate à l’ONU et dans une ville qui fait rêver des milliers de personnes au monde !

– Je ne vois pas les choses sous cet angle, Simo. Et puis  New York n’est pas le paradis… Simo, penses-tu que ta vie à Wall Street a un sens ? Sais-tu au moins pourquoi tu te lèves chaque matin ?

– Comment ça ? Je ne comprends pas ta question, Luna. »

            Simo ne comprend pas la profondeur de ma réflexion, c’est aussi pour cela que je pense que nous sommes incompatibles. « Simo, tu sembles avoir la certitude qu’il ne peut plus rien t’arriver de mieux dans la vie, si ce n’est ton prochain bonus ou ta prochaine soirée bien arrosée avec des femmes. Quant à moi, New York a été une bonne expérience humaine, mais je sens que la vie dans cette ville m’a éloignée de ma nature profonde.

– Tu es vraiment une fille bizarre, Luna ! Pas un homme ne pourrait te comprendre ! »

            « Bizarre » est sans doute le mot que j’ai le plus entendu ; il ne me dérange plus désormais. Comme Simo m’ennuie profondément, j’expédie notre déjeuner. Manhattan peut tout m’offrir sauf le bonheur des choses simples, autrement dit l’essentiel. […]

Pour découvrir l’intégralité du roman, vous pouvez l’acheter sur Amazon.

La reproduction de cet extrait du roman “Subjuguer me fascine” est interdite. Cet extrait est soumis aux droits d’auteur de Sarah Anouar.

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