Yolanda Domínguez est une artiste espagnole de Madrid très engagée contre les diktats de la mode de ce qu’on appelle la “fast retail” (prêt-à-porter), du luxe, de la publicité et contre les inégalités de genre. Elle utilise la vidéo, l’image pour dénoncer le ridicule de certaines situations telles que les poses des femmes sur les publicités de grandes marques ou l’absurde de la représentation de la femme vue et entendue dans le quotidien. Son art est également caractérisée par l’action collective et l’implication du spectateur. La vidéo de son projet “Poses” (ci-dessous) a été vue plus d’un millions de fois. L’Eclectique vous propose un entretien avec une artiste dont l’humour est caustique.
Yolanda, on peut qualifier votre travail artistique comme de l’artivisme ? Quelles sont les principales idées que vous voulez partager à travers vos différents projets ?
Je souhaite que mon travail soit une façon de réveiller les gens qui, autrement, seraient engourdis par le flux d’images vu dans le quotidien. Le but de mes actions est de générer une conscience critique envers des situations posant une sorte d’inégalité sociale qui passe souvent inaperçue. Ma principale stratégie est de montrer ces conflits dans différents contextes et souvent dans des expériences en direct. Des expériences qui impliquent les spectateurs et les font réagir d’une manière ou d’une autre. L’art peut aussi être un moyen pour activer les gens parce que c’est un médium qui agit à différent niveaux : émotionnel et rationnel.
A Madrid, vous enseignez « L’art comme un outil de transformation », vous êtes également très engagée pour le droit des femmes. Est-ce que vous sentez que l’art à un réel pouvoir pour inciter les politiques et les gens à prendre de réels engagements en faveur des femmes en Espagne ou ailleurs ?
Je pense évidemment que l’action artistique a non seulement la possibilité de transmettre des messages mais aussi de donner aux gens l’opportunité d’expérimenter quelque chose en étant une partie de celle-ci, de prendre des décisions et d’agir en conséquence. Je pense qu’il est temps de laisser derrière le discours unidirectionnel et de commencer à construire des choses à partir d’un dialogue. Je suis toujours ouverte à ce qu’un spectateur peut apporter dans une action. Le spectateur n’est pas là juste pour être inactif mais il devient l’auteur du projet. Je suis très engagée pour la question du genre parce que je pense que c’est un problème qui nous affecte tous, aussi bien les hommes que les femmes. Ce problème est profondément ancré et normalisé dans nos société et il est ainsi presque invisible. J’essaie de le rendre visible avec mon travail. J’ai organisé des actions politiques comme l’action «Register » -(enregistrement) mais aussi des actions contre la responsabilité des entreprises de certaines marques. Ces actions ont eu un effet immédiat sur les gens.
Pourquoi ressentez-vous que l’ironie est une meilleure façon de « réveiller les gens de leur sommeil » ?
L’humour est un super outil pour la critique car il démonte les barrières. Dans l’ordinaire, si vous dites à une personne qu’elle fait quelque chose de mal, elle se défendra en adoptant une posture défensive. Mais quand vous les faites rire, les gens se sentent relaxés et commencent à réfléchir. Deux personnes qui rigolent pour la même chose sont deux personnes qui se retrouvent du même côté. Par ailleurs, l’humour est très libérateur. Quand vous pouvez rire de quelque chose, vous pouvez alors vraiment le dépasser.
L’année dernière, vous avez menez une action collective avec des femmes venant de toute l’Espagne pour enregistrer leurs corps à la Chambre de Commerce afin de protester contre le projet très restrictif du droit à l’avortement. Que ressentez-vous à propos de l’évolution en Espagne vu la situation politique actuelle et au sujet des femmes ?
Nous avons encore un très long chemin pour réaliser une vraie égalité entre les hommes et les femmes mais nous devons admettre que nous avons fait un certains progrès et nous devons continuer à avancer avec un angle positif et constructif. En Espagne la situation politique est actuellement incertaine mais la sensibilité aux inégalités de genre est présente dans tous les partis politiques en quelque sorte. Le changement peut se faire à partir d’autres domaines et pas seulement la politique. Nous pouvons tous faire des choses dans nos vies quotidiennes pour ouvrir les yeux et influencer notre contexte immédiat. Nous sommes tous des activistes.
Est-ce qu’il y a des hommes qui soutiennent vos actions ?
Oui, heureusement j’ai le soutien de beaucoup d’hommes qui sont conscients des inégalités de genre. Plein d’autres hommes commencent à voir les choses autrement à travers mon travail. Tous les jours, des hommes et des femmes partagent avec moi des photos ou des vidéos de pubs ou d’informations car ils trouvent que le message envoyé n’est pas éthique. C’est vraiment bien d’avoir la participation des gens dans tous le processus de réalisation de mes projets.
Lien pour visionner toutes les vidéos réalisées par Yolanda Domínguez
Site internet de Yolanda Domínguez
Fondatrice de L'Eclectique, subjuguée par l'écriture & l'anglais.
Auteure du roman "Subjuguer me fascine"
Writer & Soul artist
Author of the mini book for Soul "The Most Precious Love" & Soul prose book "French Kiss".
My intention is to help people expand their self-awareness & confidence. Overcome their emotional pain & self-doubt so they can transform & let their light shine to make a difference with their lives. I also do Astrology consultations & Tarot readings to find and communicate insights & healing to people who feel called to work with me.
"Two roads diverged in a wood and I - I took the one less travelled by and, that has made all the difference" - Robert Frost