Ward & Cartouches
L’Exposition d’art contemporain des artistes tunisiens Houda Ghorbel & Wadi Mhiri se tient à la galerie Alain Nadaud situé à l’espace Art Sadika à Gammarth (zone touristique) dans la banlieue nord de Tunis. L’exposition qui a commencé le 28 février 2016 est prolongée jusqu’au 8 avril 2016. L’Eclectique partage le texte de présentation de l’exposition écrit par l’artiste Houda Ghorbel et vous invite à aller découvrir cette très belle exposition.
L’œuvre en tandem de Houda et Wadi interroge le corps humain, le symbolisme des identités et la culture religieuse, elle se construit à travers l’espace proposé et le vécu ressenti.
“Révolution des Jasmins“, “Printemps arabe“ de jolies expressions pour une actualité alarmante et un avenir inquiétant. Autour d’un brasier allumé par la cupidité des uns et attristé par l’ignorance des autres, l’humanité aveuglée par la convoitise danse autour de ses cadavres au nom des jasmins et du printemps. L’obscurantisme a injecté des balles parfumées à l’eau sanglante dans les roses du printemps pour un avenir mystérieux. Des roses enrobées dans des capsules parfumées aux jasmins changent notre regard et nous ouvrent les yeux sur de nouvelles réalités inattendues.
Juste après sa révolution la crise d’identité, le doute, la remise en question des valeurs et de tout un patrimoine, ont tellement perturbé le peuple tunisien qu’il est devenu parfois incapable de distinguer entre le bien et le mal, le jasmin et le terrorisme. Le flou persiste encore à tous les niveaux, c’est pourquoi nous tentons à travers nos travaux de participer à décimer ce brouillard et apaiser cette tension tendue dans notre pays car nous rêvons de partager avec nos semblables l’amour et la paix…
Au départ, le soutien apparent du monde entier à la révolution des jasmins, suivi par la suite par un brun de révolution arabe, qui a abouti au chao dans plusieurs pays, a encore brouillé les pistes. Nous vivons actuellement dans une conjoncture mondiale tellement ambiguë et complexe que rares sont ceux qui arrivent à distinguer entre le juste et l’injuste, le vrai et le faux, le mal et le bien, la rose et l’épine. De notre part, nous essayons tant bien que mal, à travers l’art, d’exprimer cet amalgame et ce malaise que vivent nos concitoyens et de le traduire tout en le poussant à la réflexion aux choix du futur.
Nous savons pertinemment qu’il est difficile parfois de distinguer la limite entre le jour et la nuit, le bien et le mal tellement ils sont confondus. Le même instrument ou matière peut servir aux deux, et peut même contenir deux facettes totalement opposées. C’est justement le choix que peut faire chacun d’entre nous qui déterminera comment s’en servir et la voie à choisir. Cependant chaque objet ou élément que l’on croit bon, peut contenir aussi dans son fond un coté sombre qui pourrait surgir à tout moment.
Nous pensons fermement que malgré ce paradoxe notre rôle est d’inciter à l’espoir, l’optimisme et de faire croire à tous, qu’il est encore possible de faire le bon choix à travers les roses et les valeurs humaines universelles.Houda Ghorbel
Les photos présentées dans cet article sont de Wadi Mhiri & Hichem Ben Khélifa