Gibran Khalil Gibran est un poète et peintre libanais né a Becharré au Liban en janvier 1883. Le poète a vécu au Liban, en Europe et aux Etats-Unis où il a passé la majeure partie de sa vie. Il est décédé en avril 1931 à New York. Le Prophète, publié en 1923, est le recueil de vingt-six textes poétiques le plus populaire du poète. Une adaptation de l’œuvre au cinéma par Salma Hayek sortira en décembre 2015 dans les salles en France. La sagesse, la spiritualité et la mystique de ce poète sont intemporelles. L’Eclectique vous propose ainsi de relire ou de découvrir ses deux textes extraits de cette oeuvre sur “la joie et la tristesse & “la connaissance de soi”.
La joie et la tristesse
Une femme dit alors : Parle-nous de la Joie et de la Tristesse.
Il répondit :
Votre joie est votre tristesse sans masque.
Et le même puits d’où jaillit votre rire a souvent été rempli de vos larmes.
Comment en serait-il autrement ?
Plus profonde est l’entaille découpée en vous par votre tristesse, plus grande est la joie que vous pouvez abriter.
La coupe qui contient votre vin n’est-elle pas celle que le potier flambait dans son four ?
Le luth qui console votre esprit n’est-il pas du même bois que celui creuse par les couteaux ?
Lorsque vous êtes joyeux, sondez votre cœur, et vous découvrirez que ce qui vous donne de la joie n’est
autre que ce qui causait votre tristesse.
Lorsque vous êtes triste, examinez de nouveau votre cœur. Vous verrez qu’en vérité vous pleurez sur ce qui fit vos délices.
Certains parmi vous disent : La joie est plus grande que la tristesse”, et d’autres disent: “Non, c’est la
tristesse qui est la plus grande.
Moi je vous dit qu’elles sont inséparables.
Elles viennent ensemble, et si l’une est assise avec vous, à votre table, rappelez-vous que l’autre est
endormie sur votre lit.
En vérité, vous êtes suspendus, telle une balance,entre votre tristesse et votre joie.
Il vous faut être vides pour rester immobiles et en équilibre.
Lorsque le gardien du trésor vous soulève pour peser son or et son argent dans les plateaux, votre joie et votre tristesse s’élèvent ou retombent.
La connaissance de soi
Un homme dit, Parle-nous de la Connaissance de soi.
Il répondit :
Vos coeurs connaissent en silence les secrets des jours et des nuits.
Mais vos oreilles se languissent d’entendre la voix de la connaissance en vos cœurs.
Vous voudriez savoir avec des mots ce que vous avec toujours su en pensée.
Vous voudriez toucher du doigt le corps nu de vos rêves.
Et il est bon qu’il en soit ainsi.
La source secrète de votre âme doit jaillir et couler en chuchotant vers la mer,
Et le trésor de vos abysses infinis se révéler à vos yeux.
Mais qu’il n’y ait point de balance pour peser votre trésor inconnu,
Et ne sondez pas les profondeurs de votre connaissance avec tige ou jauge,
Car le soi est une mer sans limites ni mesures.
Ne dites pas: “J’ai trouvé la vérité”, mais plutôt:”J’ai trouvé une vérité”.
Ne dites pas: “J’ai trouvé le chemin de l’âme”. Dites plutôt: “J’ai rencontre l’âme marchant sur mon chemin”.
Car l’âme marche sur tous les chemins.
L’âme ne marche pas sur une ligne de crête, pas plus qu’elle ne croit tel un roseau.
L’âme se déploie, comme un lotus aux pétales innombrables
textes extraits du Livre “Le Prophète”